
Santa Catalina d’Arequipa, c’est d’abord un couvent dominicain du 16ėme siècle. On y place alors les filles cadettes des bonnes familles de la colonie espagnole. Elle ne fouleront plus jamais le sol de la cité extérieure. En l’échange d’une dot conséquente, on leur accorde le droit de vivre presque comme le reste du monde, d’organiser même des réceptions.
Jusqu’à 170 nonnes d’exceptions y vivront ensemble, accompagnées de près de 200 servantes, esclaves africaines victimes du doigt de Dieu. En quelques décennies et pour les siècles qui suivent, Santa Catalina se transforme en une petite ville avec ses rues, ses cuisines, ses maisons, ses appartements, ses jardins, sa fontaine, ses places…une cité presque autonome reliée au reste du monde par des parloirs aux doubles panneaux de bois pour ne pas toucher ni voir distinctement.

Fin 19ėme, l’Église viendra sonner la fin de la récréation en interdisant ces privilèges. La prison dorée rentre dans les ordres, dortoir commun et vie ascétique.
Pour nous, il subsiste de cette histoire, une longue promenade silencieuse dans les ruelles et les placettes colorées à l’abri du bruit et des regards de la cité. Déambulant de cuisines noircies par des siècles de feu de cheminée en patios d’un bleu intense évoquant les jardins Majorelles du Maroc, de la blancheur des murs de pierres de laves aux arcades rouges delavées. Les ombres et une lumière crue aveuglante finissent d’achever un tableau graphique sublime et émouvant.
Au-delà des lourds remparts on aperçoit le volcan Misti, version andine du mont Fuji. Le ciel est d’une rare pureté. Les nonnes ont disparu. Dieu, lui, traîne sans doute encore dans les ruelles…

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