
Nous savions en mettant le pied sur l’île que nous prenions un risque. Nous savions que nous serions emporté par la vague du tourisme de masse, qu’aucun de ses travers ne nous serait épargné. Les temps d’attente au milieu de plus d’occidentaux que de péruviens, les ventes forcées de souvenirs avec mention » fait sur place » mais importés depuis le pays voisin bolivien, les explications grotesques pour cerveau decérébré avide de réaliser deux uniques choses essentielles : acheter un souvenir très cher et faire un selfie pas beau. Nous savions aussi le chef de l’île en survêtement se déguisant en vitesse en indien Uros à notre arrivée. Bref, nous savions tout le pire, tout ce que nous abhorrons et pourtant, nous avons mis les doigts dans la confiture… Et nous avons eu le droit à cela, à tout ce qui transforme un touriste curieux avide de savoir en un porte monnaie géant et à tout ce qui réduit un aimable habitant de cette terre désireux de montrer son beau pays en un triste sire louchant sur le porte monnaie du premier.
Alors que reste-il des îles Uros après cette description de parc d’animation nauséabond ?



Il reste nos pas s’enfonçant de manière souple et légère sur un tapis de roseaux flottant au beau milieu du lac Titicaca. Il reste l’odeur du foin et de la paille mêlé à l’humidité de l’eau. Il reste cette sensation forte de flotter sur l’eau, entourés de monts arides, à 3800 mètres d’altitude sur un lac mythique.
Et pour ces beaux moments, cela valait bien la peine de mettre le doigt dans la confiture.

Plus tard, afin peut être de conjurer le sort, nous sommes partis manger quelque chose au marché centrale de Puno. Il y avait d’aimables péruviens, souriant en nous voyant découvrir leurs plats et deux touristes curieux au milieu de la foule bigarrée.
On remettait les doigts dedans mais ce pot de confiture n’avait pas la même saveur.

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