
C’est d’abord l’immensité qui frappe au premier regard. Lancé à plus de cent kilomètres heures sur cette terre aride, notre 4×4 ne suit plus aucune piste. Seul l’azimut guide. Et cette montagne que l’on distingue à l’horizon, qui nous semble pourtant à une portée de roues mettra sans doute en réalité une journée avant d’être atteinte.


Nous naviguons à vue dans le désert.
Ensuite c’est la blancheur à laquelle nos yeux ne s’habituent pas qui devient obsession. Où que le regard porte, nos pupilles se rétractent et tentent de résister piteusement à un brûlant éblouissement. Et notre peau séchée par le vent et le soleil opère une mue étrange jusqu’à former des centaines de polygones identiques à ceux laissés par le sel sur le sol. Sous nos pas, la surface dure et cristalline craquèle à peine et notre passage ne laisse aucune empreinte. On peut marcher des heures, courir des kilomètres sans arriver nulle part.



Nous marchons sans but dans le désert de sel.
Enfin c’est le silence qui apaise et s’impose. Et bien que sept amis composent notre équipage franco-bolivien, il est aisé de voir défiler devant nos yeux d’illustres ermites, chantres éternels du désert tels que Charles de Foucault ou Théodore Monod. Attablés autour d’un repas commun composé de quinoa, d’un morceau de viande, de quelques légumes verts, et même si nos compagnons se sont tous vite pris d’affection les uns pour les autres, c’est le silence qui s’impose. Le silence, les regards et quelques sourires complices.

Installé au pied du volcan Tahua aux teintes oxydées, notre caravane, isolée du brouhaha du reste du monde s’invente un ermitage éphémère. 7 personnes déjeunent seules dans le désert de sel d’Uyuni.
Certains verront dans tant de beauté et de majesté, la signature d’un grand architecte divin, d’autres souligneront la création folle d’une nature balisée et rationalisée par la géographie et la géologie. D’aucuns enfin remercieront la Pachamama d’avoir donné aux hommes du sel afin de subvenir à leurs besoins. Nous voulons bien croire en tout, pourvu que l’on nous laisse encore un instant, nous émerveiller des ombres des nuages courrant sur la mer de sel.
Nous sommes une simple poussière posée un instant sur une pierre précieuse sertie dans une corolle de montagnes et de volcans.


Nous sommes dans le » Salar De Uyuni « .
Le soir, le vent glacial des Andes nous aura balayé le temps d’un coucher de soleil.
Le désert blanc nous a déjà oublié. Ce ne sera plus jamais le cas pour nous.
Nous sommes gravés au sel d’Uyuni.

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