
Quelques jours que nous avons quitté Jaffna, tout au nord pour entamer une descente vers la capitale Colombo, point final de cette histoire.
Et de bus rouillés, bondés, en trains clairsemés, agréablement ventilés, mais en panne, le voyage se déroula à un rythme qui nous convint parfaitement, dévoilant chaque jour des nouveautés qui sont la raison d’être des errances itinérantes et font la joie des apprentis nomades que nous ne lassons d’être.



Notre route croisa celle d’anciens royaumes Sri Lankais prestigieux, comme celui d’Anuradhapura ou bien des sites historiques empreints de solennité et de vénération nationale, tel Mihintale où le Roi rencontra au 3ème siècle avant notre ère, deux moines venus d’Inde qui introduisirent le Bouddhisme sur l’ile et en modifièrent ainsi le cours de l’histoire.
Plus récemment, l’arrivée à Colombo sous une pluie battante, les roues du train dans les eaux à une heure de pointe, fût épique et contribuera à graver sans doute, un peu plus profondément dans nos mémoires, cet épisode qui ne devait être qu’une formalité. La gare devenait un terrain d’observation extraordinaire et en sortir se transformait à coup sûr en aventure. La mousson s’invitait sous nos ponchos et nos sandales cherchaient à tatons, à éviter les pièges d’une mauvaise chaussée devenue à certains endroits bassin aquatique.



Et puis nous avons croisé de jeunes écolières en uniformes. Le ciel gris accordait une accalmie provisoire aux badauds, de violentes vagues s’écrasaient à leurs pieds dans d’hypnothiques explosions d’écume, le bruit sourd de la ville et ses klaxons incessants cognaient au dos. Le vent brassait toutes ces énergies dans une moiteur tropicale.
Sur les hauteurs de la digue, les jeunes filles contemplaient presque religieusement l’océan. Autant de silence et d’immobilisme en devenaient étranges à cet âge. Et cela nous semblait beau.
Alors, on a pris la photo et nous sommes restés, immobiles, silencieux aussi, pendant quelques minutes. Le temps d’être un peu comme elles, seulement présents, à ne rien faire d’autres que regarder devant soi.
Notre histoire Sri Lankaise s’achevait bientôt. Nous allions bien sûr encore arpenter les rues de Colombo jusqu’à la nuit tombée. Le lendemain, quelques heures avant de prendre l’avion, nous irions certainement nous faire tacler par les rouleaux de l’océan Indien. Puis nous emprunterions un dernier tuk tuk jusqu’à l’aéroport, dernière cavalcade motorisée pour un ultime adieu à l’île.

Mais c’est face à cette mer bouillonnante, dans la capitale grouillante, en bonne compagnie, que nous souhaitions saluer solennellement, les mains dans les poches, les pieds macérant dans des sandales humides, le pays aux épices.
« Je dois, nous devons au monde un coup de cymbales magistral. », disait Nicolas Bouvier. Et c’est exactement cela que nous devions réaliser à cet instant.

Devant la mer, après ces dernières semaines exceptionnelles où la vie, la vie, la vie nous aura enthousiasmé, secoué, surpris, ratatiné, en un mot émerveillé, c’est en compagnie de ces quelques écolières contemplatives, que nous aussi, nous avons eu envie de suivre les conseils de l’écrivain voyageur et sortir ainsi les cymbales afin de rendre encore une fois, un bruyant hommage à ce Monde qui n’en finira jamais de nous surprendre et de nous ravir.
Musique !

A une prochaine fois, ailleurs.
En savoir plus sur Ribines et Godillots
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.







