Lorsque vous descendrez du bateau en arrivant sur Amorgos, vous longerez le quai du port de Katapola. L’air tiède mais rafraîchissant du large vous tiendra compagnie jusqu’à ce que vous vous engagiez dans le sentier qui se trouve à votre droite après l’église au dôme bleu.


Là, le vent sera tombé. Restera, trônant en son royaume, le dieu soleil au milieu des senteurs brûlées de thym, d’herbes de garrigue, d’oliviers centenaires.


Vous prendrez garde aux quelques miraculeuses et fragiles colchiques ornant le sentier de terre. Les cloches d’un troupeau parviendront à vos oreilles sans toutefois qu’aucune chèvre, étonnamment, ne croise votre regard.


Des buissons épineux se chargeront de laisser quelques souvenirs sur vos mollets, et lorsque vous aurez monté les cinq kilomètres à travers la campagne, votre chemise auréolée de sueur et votre front rougi ne vous rendront guère présentable lorsqu’il s’agira de toquer à la porte de l’auberge de Chora. Mais qu’importe, puisque vous serez arrivés.




Alors le sac déposé, il vous restera vite à repartir chercher une épicerie pour le repas du soir. Judicieux prétexte pour déambuler les yeux grands ouverts dans les ruelles étroites du village, pour s’y perdre, y croiser enfants turbulents, anciens attablés et commerçants éloquents.

Jusqu’au moment où le soleil, le dieu soleil vous éblouira encore une dernière fois avant de s’éclipser dans la mer à l’horizon.


Sur Amorgos, il n’y a que les chèvres pour se sustenter des buissons épineux qui couvrent toute l’île.

Avec les chèvres et les épines, ce sont les cailloux qui dominent cette île du bout du monde. Lorsqu’on en heurte, il en ressort un étrange bruit métallique, un son de bouteilles de verres qui s’entrechoquent. On ne sait plus vraiment si ce sont des cailloux mais ils sont des milliards.


Il y a la mer d’un bleu profond et dur qui donne le vertige si on s’attarde à plonger le regard dans ces abîmes. Le bleu devient parfois aussi plus clair et doux. On en éprouve alors une certaine joie en contemplant la lumière s’y baigner.


Les hommes on bâti des murets de pierres, inventant de drôles de frontières pour des chèvres et des moutons qui s’en moquent éperdument en dansant en équilibre sur leurs sommets.


Il y a des chapelles blanches éblouissantes qui servent d’amer pour les marins, de gîte pour les bergers, de refuge pour toutes les détresses du monde.
Et puis presque rien d’autres sur Amorgos.

Pendant dix heures, nous avons parcouru l’épine dorsale de cette île droite comme un colonel d’armée régulière. Ne voulant choisir, nous sommes passés d’un versant à l’autre pour finir toujours par se cogner à la mer. Nous avons marché sans presque jamais s’arrêter, cognant nos chaussures dans les cailloux métalliques, au travers des épais buissons acérés. Nous avons suivi les chèvres qui ouvraient le sentier et ne sommes rentrés qu’à la nuit tombée.
Sur Amorgos, il n’y a presque rien et aujourd’hui, nous n’avons pas souvenir avoir eu besoin de beaucoup plus.


Sur Amorgos enfin, il existe un incroyable monastère accroché à flanc de montagne. Quelques centaines de marches pour y accéder et comme récompense là-haut, un verre d’eau, des loukoums et un verre de raki. De quoi y passer l’éternité.











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