
Au lever du soleil, on reprend la route du nord. Il fait encore frais dans les rues de Berat à cette heure, en compagnie des ouvriers qui attendent le bus dans la pénombre. On part. Fourgons, autocars, faux départs, vraies attentes, la route prend tout son sens quand elle ne sait rien à l’avance.
On quitte l’Albanie lorsque le soleil donne au zénith, avec savoir faire, en Mercedes-Benz, véhicule emblématique du pays.Un homme dans la rue a proposé de nous faire passer la frontière rapidement. Accord sur le prix, pour le reste, faire confiance à la chance. Lacets de montagne, un dernier regard sur les Alpes dinariques albanaises, notre chauffeur nous dépose devant le poste frontière où un de ses amis doit nous récupérer à son tour pour le passage. On donne la moitié de la somme prévue au premier conducteur, l’autre billet sera pour le suivant. Faire confiance à la chance. Transfert de sacs, de voyageurs, passeports, tampons, nous rentrons au Monténégro à l’albanaise, dans une seconde Mercedes-Benz rutilante.
L’air est doux, on roule à toute vitesse, fenêtres grandes ouvertes sur les routes sinueuses à bord d’un paquebot de luxe à la sellerie de cuir.



Milieu d’après-midi, Ulcinj au Monténégro, on pose les sacs. La citadelle méditerranéenne médiévale abrite désormais une station balnéaire où les derniers russes et kosovars de la saison goûtent encore une fois aux joies sucrées des cocktails colorés. Ils attendent leurs pizzas quatre saisons tout en regardant distraitement le soleil disparaître dans la mer. Comme un avant goût d’Europe de l’ouest parfois si prévisible, un peu ennuyeuse.
Alors soudain, on regrette notre Albanie, les routes de poussières, le chaos des villes, l’humanité simple des albanais, et nos Mercedes-Benz de légendes qui nous faisaient passer les frontières.

Certaines fuites sont des arrachements, c’est comme ça ! Alors la nostalgie, on préfère la balancer aux orties, inutile de s’encombrer.
Des Mercedes-Benz de légendes, il y en aura d’autres ailleurs, partout dans le monde !
On était déjà reparti, on faisait confiance à la chance pour cela.

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