Iran : Avant de monter sur les toits

Lorsque nous aurons parcouru toutes les ruelles de la cité antique de Yazd, quand nous serons passés sous tous les porches de terre et de paille, quand perdus dans le labyrinthe d’ombre et de lumière, nous aurons essayé tous les chemins pavés et nous serons heurtés à tous les culs de sacs, quand nous aurons laissé derrière nous toutes les effluves de pains chauds et de cèdres des fournils, quand nous aurons croisé toutes les femmes en voiles, tous les hommes en toiles, quand nous aurons répondu à tous leurs saluts amicaux, quand la ville entière saura que nous venons de France et qu’elle nous aura souhaité la bienvenue, quand tous les motocyclistes, tous les automobilistes se seront arrêtés pour nous proposer de l’aide, quand tous les enfants des ruelles ne seront plus surpris par notre arrivée, quand nous aurons souri à tous leurs sourires, lorsque nous auront accompli tout ce qui devait être entre les murs de Yazd, alors seulement, seulement lorsque tout sera dit ici bas, alors nous emprunterons les échelles de bois, nous gravirons les marches de pisé et nous monterons sur les toits, nous grimperons sur les dômes de briques de terre cuite, nous suivrons les chats sur les parapets de dentelle, nous nous laisserons glisser sur les carreaux turquoises des coupoles et lorsque nous atteindrons les toits plats des terrasses, alors seulement à ce moment, dans le silence du désert, adossés à une tour du vent, baignés dans l’air tiède de cette fin de journée, alors seulement quand tout sera accompli en haut comme en bas, seulement alors nous contemplerons ravis, le soleil incendier Yazd, cité antique du vent, dernier refuge des nomades aux portes du désert.

Et tout sera dit.


En savoir plus sur Ribines et Godillots

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.